Choquant !
Ces images de personnes se réclamant comme des professionnels de santé qui brûlent leurs diplômes pour protester contre la vaccination obligatoire et le passe sanitaire ont soulevé, chez beaucoup de professionnels impliqués dans cette terrible lutte contre la Covid, un sentiment de honte. Plus encore, ce geste est ressenti comme une trahison, un clivage profond sur le plan de l’éthique, de la déontologie et de l’humanisme au sein de la communauté des soignants. Quant aux patients, aux familles et autres aidants, c’est aussi bien une incompréhension totale qu’une une révolte complète pour toutes celles et tous ceux qui ont contracté cette maladie dans un établissement de soins. Certains en sont morts ! Quoi de pire que d’entrer dans un établissement de soins pour une intervention bénigne et de décéder de la Covid !
Oublié le Primum non nocere ?
« En premier ne pas nuire ». En vertu de ce principe fondamental, il n’est pas tolérable, quand on s’occupe de personnes en situation de vulnérabilité, de les mettre, par sa pratique professionnelle, en situation de danger. Or, le refus de se vacciner contre une maladie aussi contagieuse est en flagrante contradiction avec ce principe fondateur des soins depuis l’antiquité. Déjà, lors d’épidémies de grippes saisonnières avait-on vu des EHPAD perdre un nombre significatif de pensionnaires du fait d’une infection transmise par les professionnels. Ceci avait contraint les autorités à instaurer une obligation vaccinale qui est malheureusement restée lettre morte.
D’où vient cette dérive ?
Quelles sont les raisons qui portent des personnes à agir ainsi, elles qui devraient « par vocation » dédier aux autres toute l’attention qu’ils méritent et qui leur sont confiées par la société elle-même ? En voici au moins trois. La première réside dans l’ignorance notamment dans le recrutement de personnes sur des formations et des qualifications techniques, loin des valeurs humaines et des aspirations qui fondent les valeurs de ces professions. La deuxième, notamment dans les établissements médico-sociaux, s’explique par la perte de sens, la banalisation de la « maltraitance passive », celle qui s’insinue au quotidien dans la prise en charge des personnes dépendantes et qui a déjà été souvent dénoncées. La troisième est plus grave, surtout en ces temps de complotismes : les mouvements de thérapies « parallèles » et un certain nombre de phénomènes sectaires sont de plus en plus présents au sein des professionnels. La Miviludes* vient d’ailleurs d’en faire un rapport.
Retrouver le sens de la mission
Avant de sanctionner il est fondamental d’expliquer et de former convenablement. Mais en cas de refus, il devient urgent que les ordres, syndicats professionnels, sociétés savantes et directions d’établissement se saisissent, avec les pouvoirs publics, de cette question cruciale. Il ne faudrait pas que cette volonté de rupture exprimée de façon violente ne soit pas suivie d’effets. Ces actions doivent être considérées comme des auto-radiations des ordres, une impossibilité à pouvoir exercer des responsabilités de soignants auprès de personnes malades. Mais plus loin encore, à l’heure où les soignants les plus méritants sont justement applaudis pour leurs efforts par la société tout entière, alors même que beaucoup font leurs métiers, nonobstant l’absence de considération et leurs médiocres conditions salariales, il faut que les familles, les aidants, et les autres acteurs de santé voient partir avec soulagement ceux qui brûlent leurs diplômes vers d’autres destinations professionnelles.
* Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
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